
Il y a certains sujets qui sont plus complexes à aborder que d’autres. Selon le temps, les périodes et les changements. Il y en a un parmi ceux-là qui me tient relativement à coeur mais qui me procure un stress important à chaque fois que je l’aborde : l’alimentation.
C’est un sujet bien vaste dans lequel je suis bien loin d’être professionnelle et qui m’a souvent joué des tours. Ceux qui sont là depuis quelques années ont pu voir passer quelques lignes à propos du rapport que j’ai avec la nourriture. Mais en résumé, en plus d’être une personne difficile c’est à dire que je mange de tout mais je trie le moindre morceau qui n’est pas parfait à mes yeux (gras, noirci, pas tendre, un peu pourri et j’en passe. Je suis de ces filles qui peuvent couper la moitié de leur fraise parce que l’autre moitié est abimée du fait du transport ou du fait que le fruit soit un peu trop mur), j’oublie parfois de manger. Je suis obsédée par la balance même si depuis quelques années, je me refuse à descendre plus bas que mon poids de forme. Ne pas descendre, mais ne surtout pas monter non plus !
Alors, pour quelqu’un d’aussi « exigent » que moi, l’alimentation est un sujet complexe. Je n’ai jamais fait de régime à proprement parlé et aujourd’hui je me rend compte de la chance que j’ai d’avoir un corps naturellement aussi en forme, qui encaisse tout sans rien dire. On ne peut pas dire non plus que je sois une grande mangeuse : je crois n’avoir jamais fait de réels excès et n’ai jamais subi l’effet yoyo.
Malgré toutes ces péripéties et habitudes, je met un point d’honneur à bien manger. Et parfois, quand je suis fière de moi, j’ai envie de partager ça avec vous. Pourtant, j’ai terriblement peur de me heurter aux critiques. Parce qu’on ne va pas se mentir, elles peuvent être nombreuses et très agressives quand il s’agit d’un sujet aussi controversé qui prête à des jugements et qui ne sera jamais parfait.
Je mange donc au mieux. De saison, tout le temps. Frais, à 90%. Local dès que je le peux. On a la chance de vivre dans une région qui cultive énormément de choses, et quand ce n’est pas le cas, j’achète français. La dernière fois que j’ai acheté hors France, c’était un ananas l’année dernière. Là encore je me sens obligée de me justifier : je n’ai jamais trouvé d’ananas français, j’ai grandi dans des pays exotiques et pour me faire manger des fruits d’ici, il faut qu’ils soient parfaits. J’irais bien plus facilement vers une goyave ou un litchi que vers des fraises ou une pomme (d’ailleurs, cela fait 6 ans que je n’ai pas mangé de goyave, les rares qui sont importées ne sont pas bonnes !). J’essaie aussi de choisir mes oeufs et mon lait sur des animaux élevés en pleins air et non maltraités (0FR), je me procure mon miel chez ma grand mère et d’ailleurs la plupart du temps, me oeufs viennent de sa voisine.
Bref, je me rassure en me disant que je consomme bien en minimisant l’impact écologique (de saison, frais, bio, local au maximum). Mais, ce n’était pas le cas quand j’ai rencontré mon amoureux. Quand on a emménagé ensemble, je crois qu’on commandait quotidiennement. Pour vous donner une idée, on était incapable de bien faire cuire un poulet rôti et notre première salade composée était vraiment mais vraiment immangeable !
Avec le temps, on s’est amélioré et aujourd’hui je prend plaisir à élaborer des recettes. Je tends encore à améliorer notre consommation même si le chemin parcouru depuis 6 ans est énorme.


Et c’est là que j’entre dans ce sujet tant controversé : notre consommation de viande.
Je ne vous le cache pas, même si on tend fortement à diminuer cette consommation, on en mange toujours. Pour plusieurs raisons :
- Il aime ça, et n’a pas envie de supprimer la viande de son alimentation. C’est quelque chose que je respecte complètement et je pense qu’on n’a pas à se juger sur nos préférences.
- Les traditions familiales ! Autant je dis facilement à mes parents ce que je ne mange pas et ils me laissent faire, autant je me vois mal dire à mon grand père que je ne mangerai pas ce qu’il m’a préparé. J’essaie souvent d’orienter les repas vers du poisson, mais vous vous voyez dire à un grand père bordelais que vous préférez du poisson à son magret de canard ? Croyez moi, le mien est adorable mais s’il veut cuisiner un magret, il le fera et ce sans méchanceté aucune envers moi, mais les traditions, ce sont les traditions ! (Je vous parle là d’une personne qui refuserait un verre de vin s’il n’est pas de Bordeaux !)
- J’ai déjà régulièrement des carences de part mon rapport à tout ça, alors supprimer ce type de protéines sans substitut adéquat semble ne pas être la meilleure idée du monde.
- On a gouté à plusieurs reprises, sur plusieurs mois, les substituts « vegan » à notre disposition, la plupart du temps à base de soja, de haricot rouge ou de blé. Bon, on ne va pas se mentir là non plus. Un, ça n’a pas le même gout et deux, je n’ai vraiment mais vraiment pas aimé au point de n’avoir jamais terminé mon plat. Super le gâchis ! Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir persévéré en différentes cuissons, assaisonnements, marques, compositions, et même d’avoir été prise par surprise.
Finalement, rien d’étonnant à tout ça. Je déteste la consistance et le gout du tofu. J’aime la sauce soja mais seulement sucré en mangeant mes maki californiens sans algue, et encore, avec parcimonie. La nourriture d’inspiration japonaise ce n’est vraiment pas mon truc. Ajouté à ça que mon corps ne supporte pas beaucoup tout ce qui est soja et dérivés, ça devient compliqué de trouver des substituts adéquats.
On m’a récemment parlé de la « Beyond meat » qui aurait à la fois une composition au top et un gout à faire pâlir les amateurs de viande rouge.
Pour autant, on a réduit drastiquement notre consommation de viande. Je ne cuisine plus de viande rouge, je n’en mange d’ailleurs plus que très rarement (une fois par an peut être et encore), et dans mes courses je n’achète que du jambon. Le terme que est peut être mal choisi puisqu’il s’agit quand même de viande, mais vous comprenez l’idée.
Je crois qu’on ressent assez bien la culpabilité que je peux éprouver en consommant toujours de la viande, parce que, comme vous j’ai vu les nombreuses vidéos d’abattoirs, je croise des camions où des cages sont entassées, pourtant aujourd’hui je n’ai pas de solution. A chaque fois que je supprime ces quelques tranches de jambon, vous pouvez être certains que je me sens faible et fatiguée. Je ressens que mon corps n’a pas tout les apports nécessaires. Pour autant, cette sensation se perd quand je remplace le jambon par les substituts au soja. Mais, manger des choses qu’on n’aime pas ou que notre corps de ne supporte pas est-il une bonne solution ? C’est une vraie question que je me pose.
Je n’ai certes plus cette sensation de fatigue mais je développe des réactions allergiques. Sans parler de ça, ayant un rapport ambiguë à la nourriture, je ne suis pas certaines que manger des choses que l’on n’aime pas soit une bonne solution pour se mettre à table et finir son assiette et ainsi recevoir tous les apports nécessaires. Un choix entre la peste et le choléra finalement. Entre santé et culpabilité.
Je me déculpabilise au mieux en consommant le plus juste possible même si en hiver, selon les arrivages des producteurs, cela peut être plus redondant (et pourtant j’adore les légumes d’hiver comme les endives, le panais, le poireau, la betterave, etc).
Mais, je suis tellement martelée par ces bowl parfaitement parfait des réseaux sociaux que je ne peux pas m’empêcher de me reprocher cette consommation imparfaite.
J’écris aujourd’hui ces lignes pour vous faire prendre conscience de l’impact des mots. Quand je fais mes courses, je fais parties des poches les plus saines, les plus vertes, les plus équilibrées. C’est là que je prends conscience de mon avancée sur ce cheminement. Je ne suis pas là pour dire que les autres font mal mais vous rendez vous compte que ce sont les seuls moments où je suis fière de mes courses ?! Le reste du temps, je culpabilise de ce paquet de jambon, de ne pas supporter le soja, de consommer trop d’animaux, etc.
Mes mots sont là pour dire attention ! Attention aux formules culpabilisantes. Chaque effort de chaque personne et à féliciter et non à blâmer. Vous ne savez ce que ressent, ni même les contraintes que peut avoir la personne que vous jugez. Oui, le monde ne changera par un petit effort, mais si personne n’essayait de faire mieux, notre impact écologique serait bien pire qu’aujourd’hui. Alors oui, tout n’est pas parfait, mais un cheminement de ce type, ça ne se finit pas en 2 jours ni même en un an. Pour que ce soit durable, chacun doit avancer comme il peut en fonction de ses envies. La vie change et évolue, peut être pas assez vite. Surement pas assez vite. Mais les efforts sont à féliciter plutôt qu’à blâmer. Un blâme n’est pas encourageant et peu même remettre en question de nombreux efforts.
Nous ne sommes pas parfaits mais nous nous améliorons et il n’y a que ça qui compte !
Alors aujourd’hui je vous le dis.
Je ne suis pas vegan, je suis moi et je consomme bien.

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